Philosophie

2016 Conférence Philosophie Sup : Qu'est-ce que le droit chez Hegel ? par Eric Bories

Par LAURENT COURNARIE, publié le samedi 18 juin 2016 15:39 - Mis à jour le samedi 18 juin 2016 15:41

8 mars : Conférence sur Les principes de la philosophie du droit de Hegel, par Eric Bories, à l'attention des quatre classes de Sup (A/L et B/L) dans le cadre du programme de tronc commun de l'ENS. Coord. E. Bories.

 

Présentation par Laurent Cournarie

« Les Principes de la philosophie du droit constituent le dernier grand écrit systématique de Hegel (1820) — qu’il continue encore de nommer son « Droit naturel » ou qui reçoit comme deuxième titre : Droit naturel et science de l’Etat. C’est donc une œuvre de la maturité. La philosophie morale  et politique est la seule qu’il ait jamais cessé d’enseigner, c’est en dire l’importance. C’est un ouvrage non pas de politique, de circonstance (sur la Prusse de son temps) mais de philosophie politique, par quoi il faut comprendre de manière hegelienne, un effort pour appréhender conceptuellement le réel. Dans la Préface, il le présente ainsi :

« Ainsi donc, ce traité, en tant qu’il contient la science de l’Etat, ne doit être rien d’autre que la tentative de conceptualiser et d’exposer l’Etat comme quelque chose de rationnel au-dedans de soi. En tant qu’écrit philosophique, il faut qu’il soit au plus haut point éloigné de devoir construire un Etat tel qu’il doit être ; l’enseignement qui peut résider en lui ne peut tendre à enseigner à l’Etat comment il doit être, mais plutôt comment cet Etat, l’univers éthique, doit être connu ».

Sa position théorique n’est ni celle de l’historien ou du sociologue, ni celle du conseiller du prince, ni celle du philosophe utopiste. Hegel ne décrit ni l’Etat prussien tel qu’il est, ni l’Etat tel qu’il doit ou devrait être. Son objet est “scientifique“ : produire les concepts par lesquels le monde éthique dans ses trois sphères (droit, moralité, Sittlichkeit) doit être connu dans sa rationalité propre.

Cette philosophie du droit est surprenante parce qu’elle traite (aussi) d’objets assez peu juridiques. Autant Kant avait soigneusement distingué dans la métaphysique des mœurs ce qui relève de la morale et ce qui relève du droit, autant Hegel accorde un sens très large au concept de droit. Le droit chez Hegel ce n’est pas le droit dans son concept ordinaire ou même le droit de la philosophie du droit. Le droit c’est « la liberté en tant qu’idée » (§ 29). Et dans ces conditions, il y a autant de droits qu’il y a de degrés de développement de l’idée de liberté (§ 30). Cette extension maximale du droit opère un renversement : autant le droit est associé à l’idée de limitation, autant le droit dans la philosophie hegelienne du droit est associé au déploiement même de la liberté. Le droit c’est la manière qu’a la liberté de se faire être, d’exister, de se manifester, de prendre conscience d’elle-même. Donc le droit ne se définit pas comme une limitation de la liberté mais comme l’objectivation de la liberté. Donc le droit des philosophes du droit, notamment de l’Ecole du droit naturel, reste un droit formel, abstrait. Autrement dit, Hegel propose un traité paradoxal du droit naturel puisqu’il se sépare de la théorie du droit naturel, aussi bien des Anciens que des Modernes.

Qu’est-ce donc que le droit chez Hegel ? Et pourquoi la philosophie contemporaine a-t-elle pu réactualiser l’étude de la philosophie hegelienne du droit pour penser le droit et la politique aujourd’hui ? C’est ce qu’E. Bories se propose de montrer dans cette conférence.  »

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